Mohammed VI ouvre la session d’automne du Parlement : un discours attendu dans un climat social tendu

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Le Roi prononcera ce vendredi un discours devant les deux Chambres réunies. La jeunesse marocaine, notamment la Génération Z, attend des signaux d’écoute après la diffusion d’une lettre virale adressée au Souverain.

SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI
SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI

Une ouverture solennelle du Parlement

Le Roi Mohammed VI présidera ce vendredi 10 octobre 2025 l’ouverture de la session parlementaire d’automne, au Parlement à Rabat, en présence des membres de la Chambre des représentants et de la Chambre des conseillers. Cette séance solennelle, prévue à 16 h 30, sera retransmise en direct sur les chaînes Al Aoula, 2M, et sur les ondes de la SNRT. Cette allocution marque, comme chaque année, le lancement de la session législative et fixe les orientations économiques et sociales du pays pour les mois à venir. Mais cette fois, le discours royal intervient dans un contexte social marqué par une forte mobilisation de la jeunesse.

Une lettre ouverte de la Génération Z au Roi

Dans la foulée des manifestations de GenZ 212, une lettre ouverte adressée au Roi Mohammed VI circule depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Diffusée notamment via Discord, la plateforme sur laquelle le mouvement s’est organisé, cette lettre a été massivement partagée et commentée, suscitant une attente inédite avant le discours royal. On ignore par quel canal officiel le document aurait pu être transmis au Palais, mais son contenu a trouvé un écho national.

Le texte exprime la lassitude d’une génération confrontée au chômage, à la précarité et à la défiance politique, tout en réaffirmant son attachement à la stabilité du pays.

Les sept revendications principales de la lettre Gen Z 212 :

  1. Réformer en profondeur l’éducation, la santé et l’emploi, jugés défaillants.
  2. Réorienter les dépenses publiques vers les besoins sociaux plutôt que vers les grands chantiers symboliques.
  3. Lutter contre la corruption et instaurer une vraie responsabilité politique.
  4. Libérer les détenus politiques et les manifestants arrêtés lors des récents rassemblements.
  5. Appeler à la démission du gouvernement actuel, accusé d’inefficacité et de déconnexion sociale.
  6. Ouvrir un dialogue national et envisager une réforme constitutionnelle garantissant plus de transparence et de participation citoyenne.
  7. Présenter des condoléances officielles aux familles des victimes et lancer des enquêtes transparentes sur les violences recensées.

Ces revendications, relayées par plusieurs médias nationaux et internationaux (Le Monde, TelQuel…), traduisent une demande de dignité, de justice et de reconnaissance.

Un discours très attendu

Le discours du Roi intervient dans un moment de forte tension sociale, où la population attend des signes concrets d’apaisement et d’écoute. Les précédentes allocutions royales ont souvent insisté sur la cohésion nationale, la jeunesse et la réforme sociale, trois thèmes qui devraient à nouveau occuper une place centrale. Le Souverain sait très bien écouter son peuple, et notamment sa jeunesse. Mais il serait difficile de prédire s’il choisira d’aborder directement la lettre dans son allocution ou d’y répondre par des annonces concrètes. Ce qui est certain, c’est que son discours sera scruté comme un signal d’attention et d’apaisement dans un contexte social sensible.

L’attente autour de ce discours illustre un fait majeur : la jeunesse marocaine distingue le gouvernement de la monarchie.

Si la Génération Z critique ouvertement la gestion politique et les inégalités sociales, elle adresse sa confiance et ses espoirs directement au Roi, symbole d’écoute et d’arbitrage. Cette distinction traduit une évolution du rapport au pouvoir : les jeunes ne rejettent pas les institutions, mais demandent que l’action publique soit à la hauteur de la vision royale. Ils souhaitent des réformes tangibles, dans la continuité des grands discours du Trône sur l’équité sociale et la justice territoriale.

L’enjeu du moment n’est donc pas un affrontement, mais une attente de cohérence, celle d’un alignement entre la parole du Roi et l’exécution gouvernementale.

C’est dans cette convergence que peut naître une nouvelle dynamique entre l’État et sa jeunesse, fondée sur la responsabilité, l’écoute et la confiance.


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