Environnement

Une puanteur insoutenable émanant de la décharge de Fès menace la santé publique et l’environnement

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Tandyna Baoumou

4 min
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La ville de Fès, joyau culturel et spirituel du Maroc, fait face à une crise environnementale majeure. Depuis plusieurs mois, les habitants de Fès subissent des odeurs nauséabondes et persistantes émanant de la décharge municipale. Ces émanations, attribuées à la décomposition des déchets organiques et à la libération de gaz toxiques comme le méthane et le sulfure d’hydrogène, rendent l’air irrespirable dans plusieurs quartiers. Selon des études internationales, une exposition prolongée à ces substances peut entraîner des troubles respiratoires, des migraines chroniques et augmenter le risque de maladies cardiovasculaires. Plusieurs médias marocains, dont Hespress, Le Matin et Le360, ont relayé les plaintes des riverains, pointant du doigt l’inaction des autorités locales. Les nuisances toucheraient non seulement les zones résidentielles et les écoles, mais aussi des sites touristiques, avec un risque de dégrader l’image de la ville, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. **L’absence de données officielles récentes** Aucune donnée publique récente du ministère de la Transition énergétique et du Développement durable ne permet de quantifier précisément l’ampleur de la pollution ou des impacts sanitaires. Les derniers rapports officiels consultables sur la gestion des déchets datent de plusieurs années, ce qui complique l’évaluation scientifique de la situation actuelle. **Un enjeu sanitaire avant tout** Si la décharge pose un problème environnemental évident, les habitants et associations locales insistent surtout sur l’urgence sanitaire. La proximité de la décharge avec certaines habitations augmente le risque d’exposition directe aux émanations et aux particules fines. Des experts appellent à mettre en place en urgence un système de traitement des gaz, de couverture des déchets et de suivi de la qualité de l’air. **Une question de responsabilité partagée** La crise de Fès illustre un problème plus large de gestion des déchets au Maroc, où plusieurs villes peinent à adopter des solutions durables comme la valorisation ou la méthanisation. Une approche intégrée, associant autorités locales, opérateurs privés et société civile, est jugée indispensable pour protéger la santé des citoyens et l’environnement. Sans action rapide et concertée, les conséquences pourraient être durables, voire irréversibles, pour le bien-être des habitants. **Impacts sanitaires et environnementaux de la décharge de Fès selon la science** **Santé publique** • Les odeurs nauséabondes et persistantes émanant de la décomposition des déchets contiennent du méthane (CH₄) et du sulfure d’hydrogène (H₂S). Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une exposition prolongée à ces gaz peut provoquer migraines, troubles respiratoires chroniques et augmentation du risque cardiovasculaire. • Les populations les plus vulnérables (enfants, personnes âgées, malades chroniques) sont particulièrement exposées. • Les nuisances olfactives permanentes affectent également la qualité de vie et peuvent générer du stress psychologique. **Environnement** • Le méthane est un gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement 28 fois supérieur à celui du CO₂ (sur 100 ans, selon le GIEC), contribuant au changement climatique. • Le sulfure d’hydrogène, en se combinant à l’eau, peut générer des pluies acides, nuisibles aux cultures, aux sols et aux écosystèmes aquatiques. • L’absence de traitement efficace des lixiviats entraîne un risque de pollution des nappes phréatiques et des cours d’eau, aggravant la pression sur les ressources hydriques. • Ces impacts cumulés peuvent réduire l’attractivité touristique de Fès, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

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