Quand l’artisanat marocain transforme les déchets en trésors

##### _**Au croisement de la tradition et de l’innovation, l’upcycling séduit de plus en plus d’artisans et de créateurs marocains. Une réponse écologique, créative et résolument moderne aux enjeux du gaspillage.**_ Transformer des déchets en objets de valeur. C’est tout le principe de l’upcycling, ou surcyclage, une pratique qui donne une seconde vie à des matériaux usagés sans les décomposer, contrairement au recyclage classique. Et au Maroc, ce mouvement prend de l’ampleur, porté par un artisanat inventif et une conscience écologique croissante. Face aux millions de tonnes de déchets générés chaque année, certains choisissent de réinventer plutôt que de jeter. Dans les coopératives féminines, les chutes de tissu deviennent sacs à main, tapis ou accessoires de mode. Des artisans récupèrent palettes en bois ou pièces mécaniques pour en faire du mobilier design. Verre, plastique, métal… rien n’échappe à cette vague de créativité durable. L’un des exemples les plus frappants de cette tendance est l’impressionnante sculpture d’un lion, réalisée entièrement à partir de caoutchouc de pneus usagés est exposée à l’aéroport international Mohammed V de Casablanca. Cette œuvre monumentale incarne à la fois la puissance symbolique de la faune africaine et le potentiel esthétique de la récupération. Un message fort adressé aux milliers de voyageurs qui transitent chaque jour par ce hub régional.  _Sculpture d’un lion réalisée à partir de caoutchouc de pneus usagées, par l’artiste Lahcen IWI, exposée à l’aéroport Mohamed V de Casablanca_ L’upcycling séduit par sa simplicité et son efficacité : il réduit les déchets, évite les émissions liées à la fabrication d’objets neufs, tout en valorisant les savoir-faire locaux. En d’autres termes, une démarche à la fois écologique, économique et culturelle. **Un levier pour l’économie circulaire au Maroc** Le Royaume affiche une volonté croissante d’encourager l’économie circulaire. L’interdiction des sacs plastiques « Zero Mika », ou encore le programme « Terre et Humanisme » pour une agriculture durable, en sont des exemples. Mais pour que l’upcycling passe d’une pratique marginale à la norme, il lui faudrait un véritable soutien institutionnel : financements, formations, et intégration dans les politiques de développement durable. Avec sa double dimension écologique et culturelle, l’upcycling incarne une nouvelle façon de consommer plus responsable, locale et créative. Une tendance qui pourrait bien redéfinir l’artisanat marocain de demain.